La prise en charge d'un patient atteint de la maladie d'Alzheimer est très spécifique. Elle doit prendre en compte de nombreux "traits de caractère" et risques au quotidien : angoisse, agressivité, danger d'utilisation inappropriée d'objets du quotidien...
L'infirmier fait essentiellement appel au rôle propre lors de la prise en charge d'un patient Alzheimer, avec un gros travail d'analyse et d'adaptation de l'attitude du soignant afin d'apaiser et de stimuler le patient. En effet, les deux axes principaux sont
apaiser les angoisses et
stimuler pour promouvoir le maintien de l'autonomie. Si les médicaments peuvent y aider, le comportement des soignants et le meilleur traitement.
Rôle propre de l'infirmière
D'elle-même, l'IDE applique plusieurs méthodes pour aider la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer à conserver au maximum ses facultés cognitives et mnésiques. C'est finalement, une question d'analyse du comportement et du ressenti du patient, pour mieux adapter l'attitude du soignant, le but étant très souvent de diminuer l'angoisse du patient pour éviter son agressivité et favoriser sa participation aux soins :
- Pendant les autosoins, stimuler l'autonomie de la personne en l'invitant à faire les gestes par elle-même (toilette, habillage, transfert...) : il faut créer le déclic qui permette à la personne de retrouver le sens d'un outil (brosse à dents) sans pallier à tous ses gestes. Par exemple, faire le premier geste du coiffage avec la personne, pour qu'elle se souvienne à nouveau. La laisser ensuite se coiffer seule.
- Mettre en place des activités dites thérapeutiques : elles peuvent à la fois distraire, amuser et aider en faisant travailler la mémoire, le raisonnement. L'infirmière peut aussi apprendre à mieux connaître le patient qui se livre parfois lors de ces moments de détente.
- Surveiller la prise du traitement et ses effets secondaires afin d'adapter le traitement si possible
- Observer et noter l'évolution des troubles, mettre en place des actions adaptées ou en proposer (entretien avec un spécialiste, augmentation du traitement sédatif en cas d'agressivité (?), autant d'idées à suggérer au médecin)
- Rassurer le patient : le contact doit se faire en douceur, par exemple, ne toucher la personne que lorsqu'elle a établi un dialogue avec nous, pour éviter de lui faire peur. La délicatesse du soignant à toute son importance dans la réussite du soin et l'évitement de l'agressivité.
- Lui expliquer les gestes qui vont être faits et trouver les paroles qui vont calmer l'angoisse... Bien sûr, toutes ces techniques relationnelles sont à adapter au cas par cas, et sont loin d'être évidentes car elles demandent au soignant de deviner des choses qui se passent dans l'esprit de la personne Alzheimer. Autrement dit, il faut une excellente intuition, une sorte de radar que seuls les personnes empathiques peuvent avoir !
- En prévention : lorsqu'on suspecte que la maladie s'installe chez un patient, des symptômes sont à déceler. Le soignant en gériatrie comme ailleurs, doit reconnaître des débuts de la maladie, très bien cachés parfois... D'autant plus que la personne Alzheimer dissimule ses troubles, par peur / déni vis à vis de la perte de mémoire ou par honte vis à vis du regard des autres.
Les activités thérapeutiques
Les activités thérapeutiques proposées à un patient Alzheimer peuvent être de diverses natures, adaptées au goût des personnes et à leurs capacités/besoins. Rompre l'isolement fait partie des objectifs du soin, car l'isolement est souvent important dans cette maladie. Maintenir des liens avec autrui à travers un jeu par exemple, permet de rester ancré dans la réalité (et non pas dans d'anciens souvenirs), de garder un rythme de vie normal (retarder l'inversion du rythme nycthéméral).
Les jeux de cartes offrent un cadre convivial et font travailler le raisonnement (stratégie) et la mémoire (se souvenir des cartes des autres joueurs etc.). Le fait de jouer en petits groupes permet de conserver une sociabilité sans créer d'angoisse : le patient peut se sentir angoissé en présence de personnes qu'il ne connaît pas, mal à l'aise par rapport à ses troubles lorsqu'il en a conscience.
Les activités doivent être actives, côté soignant comme patient :
- le soignant doit veiller à ce que le malade soit dans une bonne dynamique pour stimuler ses fonctions cognitives et mnésiques, doit le guider dans cette optique.
- le patient doit participer activement, avoir envie de faire l'activité, y trouver un sens et progresser dans son travail de mémoire, de gestion d'angoisse ou d'agressivité
Le rôle sur prescription
A l'heure où je vous parle, il n'y a qu'un traitement contre Alzheimer proprement dit, bien qu'il ne guérisse pas. Il permet de retarder l'évolution de la maladie. Ce sont les anticholinestérasiques. Les quoi ?? :-D Hé oui, il va falloir retenir ce mot barbare si vous travaillez auprès des personnes Alzheimer, même rarement.
Cependant, d'autres médicaments peuvent être administrés pour réduire certains symptômes :
- des neuroleptiques contre une forte agressivité
- des anxiolytiques contre les angoisses...
Il s'agit également de réduire ou d'empêcher les effets secondaires : neurologiques (hallucinations, vertiges, céphalées, fatigue, confusion, syndromes parkinsoniens, vertiges), digestifs (diarrhées, vomissements), urinaires (incontinence), cardiaques (syncope, troubles du rythme cardiaque)... Le rôle sur prescription de l'infirmière consiste donc à administrer les médicaments en lien avec la maladie directement ou en lien avec les effets secondaires qu'elle entraîne.
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